Initiation spéléo : explorer une grotte - rivière souterraine

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©Riviere Souterraine01beaba Sports Nature

Par ces temps de canicule, explorer une des nombreuses grottes des Grands Causses est une activité au top ! Et quand cette cavité est une rivière souterraine, l’aventure devient insolite et exceptionnelle !

Une expérience spéléo vivifiante et accessible à tous, à 2 pas de Millau !

Une approche au cœur des Grands Causses

 

Rendez-vous au nord de Millau, proche de Séverac-le-Château. Un petit bout de causse calcaire, de belles pâtures et une barre rocheuse qui attire le regard… Nous approchons.
Les derniers mètres se font à pieds en traversant un champ occupé par quelques vaches, le long d’un petit ruisseau. On respecte les lieux : dans la nature, on est toujours chez quelqu’un.

Arrivés aux pieds de la petite falaise, à la source du petit ruisseau, première épreuve : enfiler notre équipement spéléo. Combi néoprène + t-shirt néoprène + combi spéléo + baudrier + casque et frontale + chaussons néoprène. Solidarité entre nous : tire-moi sur le col, tiens-toi sur mon épaule, ma tête passe pas… j’ai chauuuuud ! Direction une petite vasque de la source et première trempette manière de prendre la température avant d’explorer la grotte. Et là, on comprend déjà que le simple maillot de bain ne suffira pas !

Tiens, nous ne sommes pas les premiers à avoir trouvé le coin sympa ! Un puits-réservoir d’eau romain alimentant des canaules d’arrosage des terres montre ses vestiges… et démontre que le site était connu depuis longtemps ! Dernière vérification du matériel et annonce de la météo souterraine locale : 12° au sec dans la grotte, 8° pour l’eau de la rivière souterraine. Même pas peur !

Le Saviez-vous ? On compte 4 « Grands Causses » : le Sauveterre, le Méjean, le Noir et le Larzac, ces 4
hauts-plateaux s’étendant entre Aveyron et Lozère.

Le B-A-BA de la spéléologie

C’est parti pour l’exploration de la grotte et de la rivière souterraine ! L’entrée est un trou de souris mais très vite, nous apprenons à « avancer à l’égyptienne » tant la fissure est étroite. Vous visualisez ?! Heureusement que notre guide nous donne la technique et ça passe !
Sortie de cette étroitesse comme on débouche une bonne bouteille… nous voici dans l’obscurité totale de la grotte, dans une première grande salle où le bruit de la rivière souterraine se fait entendre. Etrange sensation et une impatience de découvrir plus. On dirait un torrent ou une cascade ou quoi ? Mon imaginaire est en route !

Après la marche à l’égyptienne, le « gâteau roulé », méthode ingénieuse, sans effort et très ludique pour traverser entre 2 gigantesques salles très basses et horizontales… comme dans une boite à lettres… et comme une lettre à la Poste ! Ca y est, on a les pieds dans l’eau et on retrouve la position verticale pour progresser dans la grotte ! La suite est un mur de concrétions que saute une belle cascade souterraine. C’était donc ça le gros grondement qu’on entendait au départ… Assurés par notre guide, nous escaladons la cascade, de patate en patate. Grimpette vivifiante dans les remous !

Les hauts-plateaux des Grands Causses comptent plusieurs centaines de grottes, avens, gouffres, abîmes, etc… Un vrai gruyère ! pardon… un vrai Roquefort ! Seulement 3 « cavités » sont ouvertes au grand public pour la visite : le Grotte de Dargilan, l’Aven Armand et l’Abîme de Bramabiau.

Des pépites dans la rivière souterraine

A partir du sommet de cette cascade, le parcours se fait de « piscines » en étroits couloirs, dans le lit de la rivière souterraine. Le spectacle est de toute beauté ! Des marmites de géants, plus ou moins grandes, plus ou moins profondes mais toujours d’une forme circulaire parfaite, comme tracées au compas de notre enfance ! L’eau et les galets ont dû tourbillonner fort pour creuser et sculpter ces beautés naturelles ! Certaines marmites de géant sont exondées et nous servent de conduit pour grimper. Ascenseur minéral ! D’autres sont inondées et offrent, à la lumière de la frontale, des reflets et des couleurs magnifiques. Spectaculaire !

La rivière souterraine se fait de plus en plus large… et de plus en plus profonde. C’est le moment de nager le 100m le plus rapide de sa vie ! L’eau est ici à 8°C… on dit merci à la néoprène ! Et par moment, la rivière souterraine devient lac avec une transparence de l’eau et des couleurs… waouh !
Des teintes émeraudes ou bleutées incroyables. Malheureusement, même protégée sous terre, dans cette grotte, l’eau n’est pas forcément pure. La faute à qui ? La roche calcaire n’est pas un filtre. Si l’on fait n’importe quoi à la surface, une pollution peut traverser la roche jusqu’à la rivière
souterraine.

8°C dans l’eau, 12°C dans la grotte… c’est à peu près la même température que l’on observe dans les
Caves fromagères de Roquefort ! Cela ferait de bonnes caves à vin, non ?!

Tous les secrets du monde souterrain

Au-delà de la spéléologie en tant qu’activité, c’est une véritable découverte du monde souterrain et de ses spécificités que nous propose Gilles, notre guide. Tiens des p’tites bébêtes ? Minuscules troglobies et faune cavernicole. Tiens des traces noires ? L’acétylène des « vrais » spéléologues.
Tiens, de l’argile ? et si on se faisait un masque ?! Sur les mains, ça suffira ! Et si on apprenait à lire les coups de gouges dans la paroi qui indiquent le sens du courant ainsi que sa force… et donc qui indiquent la sortie ?! Bref, plein de petites explications qui t’aident à te coucher moins bête !

Et c’est quoi cette corde dans l’eau ? Le fil d’Ariane que nous rencontrons maintenant marque quasiment le terminus de notre exploration. Après, ce sont 13 siphons inondés intercalés avec des zones exondées, découverts par les plongeurs spéléologues… qui à ce jour n’ont toujours pas atteint le terminus de la grotte et de la rivière souterraine !

La rivière souterraine et ses marmites de géant laissent place à un passage fossile de la grotte. Ici, l’eau ne passera plus. A la place, les ténèbres, le royaume d’Hadès avec des roches écroulées, tranchantes, noir sur noir (loin de l’outrenoir de l’artiste aveyronnais Soulages !).
Contraste saisissant. Quelques mètres plus loin : des excentriques qui cherchent leur chemin ! De mini stalagtites blanches qui poussent de façon indécise, en angle droit, en cocon, en tire-bouchon…mais quelle fragilité !

Les Grands Causses sont considérés (à juste titre bien sûr !) comme le berceau de la spéléologie après les premières découvertes de Edouard Alfred
Martel (1888) et surtout avec la création en 1963 à Millau de la Fédération Française de Spéléologie !

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